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← articles plus anciens 20 juillet 2018 le blog en danseuse change de braquet le blog en danseuse est maintenant sur le monde.fr, plus précisément à cette adresse https://www.lemonde.fr/blog-du-tour-de-france/ vous pouvez toujours y suivre les coulisses du tour de france avec nos envoyés spéciaux clément guillou et henri seckel. bon tour ! publié dans actualité | laisser un commentaire 23 juillet 2017 étape 21 – aux chiants-élysées christopher froome va remporter cet après-midi son quatrième tour de france. hormis lui-même, son équipe et ses proches, on se demande bien qui cela réjouit. comment voulez-vous qu’on s’enthousiasme pour un truc pareil ? afp / lionel bonaventure « ich weiß nicht was soll es bedeuten, daß ich so traurig bin. » heinrich heine, né à düsseldorf en 1797 et mort 58 ans plus tard dans le 8 e arrondissement de paris, a effectué au cours de son existence le même itinéraire (sans izoard ni galibier) que le peloton ces trois dernières semaines, entre la hauptstadt de rhénanie-du-nord-westphalie et les quartiers chics de notre capitale, où le tour s’achève aujourd’hui. « je ne sais dire d’où me vient, la tristesse que je ressens » (en vf), écrivait donc en 1824 le poète allemand en ouverture de son chef-d’œuvre die lorelei , sorte de sirène maléfique qui envoyait les bateaux s’écraser contre les récifs parce qu’elle perturbait les marins avec sa chevelure d’or. en ce dimanche d’adieux, ce n’est pas la chevelure, mais la tunique d’or de chris froome qui nous procure une certaine tristesse. > bardet souffle et le vélodrome sonne creux : nos leçons de la 20 e étape > le classement général soyons clairs : aucune forme de chauvinisme n’a jamais animé ce blog ; le culte du panache, si. on cherche encore celui de chris froome. son quatrième succès sur le tour, qui le place au-dessus de greg lemond et louison bobet, et à une longueur de jacques anquetil, eddy merckx, bernard hinault et miguel indurain, est d’une tiédeur désespérante. la politique des marginal gains de la sky n’aura jamais aussi bien porté son nom, et on peut vous en fournir la traduction qui était en vigueur cette année : non pas « gains marginaux », mais « gagne-petit ». si l’on n’avait pas décidé, en 1934, d’introduire dans le tour de france l’exercice ingrat du contre-la-montre, chris froome n’aurait pas remporté l’édition 2017, du moins pas de cette manière. le britannique s’est imposé avec 54 secondes d’avance sur uran et 140 sur bardet : il leur en a pris 76 et 156 lors des deux chronos de la grande boucle, qui auront donc suffi pour réduire à néant la stratégie d’attaques tous azimuts – mais jamais tranchantes – du français en montagne. disons qu’on a connu plus flamboyant comme triomphe. ce sport est incroyable. afp / lionel bonaventure cela dit, le parcours et les règles étaient les mêmes pour tout le monde et chris froome a gagné, il faut donc croire que c’est lui qui a le mieux joué, bien aidé, il est vrai, par les millions de livres sterling de la sky. pour son malheur, contrairement à de bons équipiers et du bon matériel, le charisme et la popularité ne s’achètent pas. on est bien en peine d’imaginer quelle genre de trace chris froome laissera dans l’histoire. celle du tour 2017, malgré un suspense virtuel – romain bardet a été présenté comme un potentiel vainqueur, le dernier chrono a ramené tout le monde sur terre –, sera celle d’une course au parcours particulièrement bien conçu, et au scénario plutôt haletant. elle rappellera l’exclusion de peter sagan à vittel, les promesses de lilian calmejane à la station des rousses, la cascade de richie porte au mont du chat, l’insolente facilité de marcel kittel un peu partout, l’envolée de romain bardet à peyragudes, la touch de michael matthews, la bonne bouille et les guiboles stupéfiantes de warren barguil, la photo mythique de chris auld , les gueules exténuées à l’izoard, et la seconde qui prive mikel landa de la 3 e place. on se demande bien pourquoi, d’ailleurs, l’espagnol de la sky se priverait d’essayer de la rattraper cet après-midi sur les champs-elysées, pour s’offrir dès son premier tour un premier podium qui lui vaudrait peut-être quelques sifflets, certes. c’est ainsi, pour une raison inconnue, la dernière étape doit être un long défilé ennuyeux – qui aura tout de même, cette année, le bon goût de traverser la nef du grand palais – jusqu’à l’ultime ligne droite, dans laquelle nacer bouhanni aura l’occasion de réussir son tour. il sera alors temps d’applaudir poliment chris froome et de rentrer chez soi en se souvenant des trois seules vérités absolues que délivre chaque année la grande boucle : le pays que traverse le tour de france est d’une beauté suprême, sa population d’une immense gentillesse, et le cyclisme un sport magnifique. merci à tous d’avoir suivi le tour avec nous. a l’an prochain. bienvenue à paris. photo : lucien hervé (1948) henri seckel départ 16h50. arrivée vers 19h20. le tour du comptoir : marseille vingtième et dernière des cartes postales qu’ en danseuse vous a envoyées chaque matin depuis le comptoir d’un établissement de la ville-départ de la veille. « on peut parler de ce que vous voulez, mais pas de sport » je me suis toujours demandé si les marseillais nourrissaient une légère jalousie envers les parisiens, du fait que le tour de france arrive systématiquement dans la capitale et pas chez eux. après tout, en italie, le giro s’achève bien à milan, pas à rome. et puis un sprint massif sur le vieux-port ou une arrivée en côte devant notre-dame de la garde, ma foi, ça aurait aussi de la gueule – ça donnerait même, dans ce dernier cas, un intérêt à la dernière étape. manifestement, le grand bar vacon n’était pas le bon endroit pour lancer ce débat. du moins fehti n’était-il pas le bon interlocuteur. « on peut parler de ce que vous voulez, mais pas de sport. » l’argent qui inonde et régit de nos jours le sport professionnel a écœuré ce gaillard né à tlemcen (algérie) il y a 64 ans, client du vacon depuis qu’il en a 19, qui ne comprend pas que l’on continue à tolérer les rémunérations délirantes de certains sportifs – c’est loin d’être le cas pour la majorité des cyclistes. « mon beau-frère est chercheur, il voudrait acheter un microscope électronique pour son laboratoire, mais ils n’ont pas de sous. pendant ce temps, un footballeur peut gagner un million d’euros par mois alors qu’il ne sait pas écrire son nom. moi, les sportifs, je m’en fous, je préfèrerais qu’ils n’existent pas. qu’ils crèvent. ils ne servent à rien. » un silence. « désolé, je suis un peu extrémiste. mais je vous avais dit de pas me parler de sport aussi. » encore un silence. « je pense juste que celui qui fait du bien au peuple devrait gagner plus que celui qui se fait du bien à lui-même. » mais en réussissant un beau tour de france, romain bardet n’a-t-il fait du bien qu’à lui-même, ou aussi un peu au peuple français ? autre vaste débat que nous n’aurons pas. parlons plutôt de noailles, le quartier populaire et turbulent au cœur duquel se trouve le troquet. « je fréquente le vacon depuis quarante-cinq ans , raconte fehti. avant, y avait de la vie ici, des petits clubs partout, on vivait la nuit. c’était l’époque du twist, puis du blues, puis du disco. et puis c’était le quartier des grossistes, en fromage, en viande, en poisson. un peu plus loin, il y avait le marché aux légumes. c’était une sorte de mini-rungis, avant qu’ils ne construisent le min (marché d’intérêt national), aux arnavaux. » « au bar le corsica, un peu plus bas rue d’aubagne, c’était le qg de charles pasqua. il y avait au moins une vingtaine de bars dans cette rue, pasqua allait dans chacun payer des coups à tout le monde, et ensuite tout le monde votait pour son parti. » ce n’est pas à cause de charles pasqua, mais noailles n’a pas bonne presse aujourd’hui – trop sale, trop bordélique, trop dangereux. c’est sûr que les belles villas du roucas blanc ou le décor façon plus belle la vie du panier semblent loin, mais le quartier possède 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